Ian : Ma vie entière tournait autour de l’alcool. Je n’avais jamais eu de relations sexuelles sobre. Je n’avais jamais dansé sobre. Je n’ai jamais vraiment eu de relations sociales sobre. Alors, comment ai-je fait? J’ai tout simplement cru en ce programme. J’ai commencé à travailler avec les autres. Jay : Notre invité, Ian, a été un gros buveur durant 30 ans. Il est ici pour nous raconter, en toute sincérité, le récit de son parcours vers la sobriété. Aujourd’hui, nous explorerons les plus récentes recherches sur la consommation d’alcool et les risques que celle-ci présente pour la santé de notre cerveau. Allison : Bienvenue à Défier la démence. Le balado pour quiconque a un cerveau. Jay : Défier la démence, c’est adopter un mode de vie qui permet de maintenir notre cerveau en bonne santé et de réduire le risque de démence, car la démence ne dépend pas seulement de nos gènes. La génétique peut jouer un rôle, mais des facteurs de risque liés au mode de vie comme le manque d’exercice, l’exposition à la pollution atmosphérique et une diminution du bien-être peuvent également jouer un rôle et avoir une incidence majeure sur notre risque de démence. Allison : Selon les données scientifiques les plus fiables, les chercheurs disent qu’apporter des changements sains à ces facteurs de risque permettrait de réduire d’au moins 45 % les cas de démence à l’échelle de la planète. Jay : Aujourd’hui à l’émission, nous allons parler de la consommation d’alcool et de ses conséquences sur le risque de démence. Nous ferons part de pistes de réflexion sur les raisons pour lesquelles les personnes qui boivent auraient intérêt à réduire leur consommation. Je m’appelle Jay Ingram. Je suis journaliste scientifique et communicateur. Je parle de la démence et j’écris sur ce sujet depuis des décennies. Allison : Je m’appelle Allison Sekuler. Je suis présidente et scientifique en chef de l’Academie Baycrest pour la Recherche et l’Education et du Centre d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement. Jay : Joignez-vous à nous pour défier la démence. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau. Allison : Si vous aimez boire du vin, de la bière ou des spiritueux, n’appuyez pas sur le bouton « STOP». Nous ne sommes pas là aujourd’hui pour vous enlever ce plaisir. L’objectif est de présenter des renseignements fiables et à jour sur la façon dont l’alcool influence le risque de démence, afin que vous puissiez décider vous-même du niveau de risque avec lequel vous êtes à l’aise. Jay : C’est d’ailleurs une démarche que j’ai moi-même entreprise. J’aimais la bière et le vin rouge, mais j’ai beaucoup réduit ma consommation. Cette décision est née d’une réflexion sur les risques que la consommation d’alcool peut poser pour la santé, notamment en lien avec la démence. Allison : De mon côté, je n’ai jamais vraiment été une grosse buveuse. En fait, j’étais habituellement la chauffeuse désignée lors des fêtes, et aujourd’hui, je bois encore moins qu’avant. Comme toi, Jay, j’ai pris en considération les risques pour la santé liés à l’alcool, qu’il s’agisse du risque de démence ou d’autres problèmes de santé. Jay : Donc, Allison, nous buvons moins tous les deux, et nous ne sommes pas les seuls. Selon Statistique Canada, à la fin de mars 2024, les ventes d’alcool aux Canada avaient diminué de 3,8 % par rapport à l'année précédente. C’est la plus grosse baisse depuis que le gouvernement a commencé à recueillir des statistiques sur la consommation d’alcool, en 1949. Pourtant, environ trois quarts des Canadiens boivent encore de l’alcool. Si vous faites partie de ce groupe ou que vous connaissez quelqu’un qui en fait partie, cette émission est pour vous. Allison : Alors, comment réduire sa consommation d’alcool? Combien de verres doit-on retrancher pour diminuer de manière significative le risque pour la santé de notre cerveau? C’est ce dont nous allons parler aujourd’hui. Jay : Mais, pour commencer, nous allons nous pencher sur la façon dont l’alcool affecte notre cerveau et notre risque de démence. La docteure Rachita Sumbria est professeure agrégée à l'école de pharmacie de l'université Chapman et scientifique associée à l’Université de Californie à Irvine. Au début de sa carrière, elle a étudié des méthodes pour acheminer les médicaments qui traitent la maladie d’Alzheimer, la difficulté étant de faire passer ces médicaments à travers la barrière hématoencéphalique. Aujourd’hui, elle étudie aussi l’alcool en tant que facteur de risque de la maladie d’Alzheimer, plus précisément le rôle que pourrait jouer le foie dans le développement de la maladie. Docteure Sumbria nous parle depuis Irvine, en Californie. Docteure Sumbria, merci de nous aider à défier la démence. Mme Sumbria : Merci, Jay. Je suis ravie d’être là aujourd’hui. Jay : Docteure Sumbria, que sait-on sur l’effet direct de l’alcool sur les cellules cérébrales et le cerveau? Mme Sumbria : C’est une excellente question pour débuter, car la plupart des gens boivent de l’alcool pour les effets que celui-ci procure. Il nous apaise, nous détend et nous rend euphoriques. Cela vient principalement des substances chimiques dans le cerveau, appelées neurotransmetteurs. Par exemple, l’alcool peut augmenter la libération de dopamine, ce qui nous procure une sensation de bien-être et d’excitation. Mais les effets bénéfiques s’arrêtent là. Tout le monde sait qu’il y a un revers à cette médaille, la toxicité.. On sait que la consommation d’alcool à long terme et les épisodes d'hyper alcoolisation rapide sont toxiques. Mais qu’est-ce que cela fait réellement? Quel est leur effet sur le cerveau? Eh bien, il se trouve que l’alcool affecte les neurones, qui sont les cellules essentielles à la transmission de l’information dans le cerveau. L’alcool agit directement sur ces neurones, et entraîne leur dégénérescence et éventuellement une perte neuronale. Autrement dit, les neurones meurent. C’est pourquoi, lorsqu’on observe le cerveau de personnes souffrant d’un trouble lié à la consommation d’alcool, le cerveau paraît plus petit. Comment se fait-il? On parle d’atrophie cérébrale, en raison de la perte de neurones. Bien sûr, la perte neuronale est au cœur de la démence, mais ce n’est pas tout. L’alcool affecte aussi d’autres cellules du cerveau. La façon dont nos vaisseaux sanguins cérébraux sont conçus fait que ceux-ci sont tapissés d’une barrière qu’on dit hématoencéphalique. Comme le nom le suggère, cette barrière est là pour protéger notre cerveau. Parce qu’on ne veut pas que des substances passent du sang au cerveau. On veut protéger la santé de son cerveau. L’alcool, en raison de sa toxicité, peut endommager la barrière hématoencéphalique, et affaiblir cette paroi, ce qui, comme vous pouvez l’imaginer, permet à n’importe quelle substance présente dans votre sang d’entrer dans le cerveau, où elle n’est pas censée se trouver. Cela peut entraîner une cascade d’événements. On peut avoir une neuroinflammation, qui peut aggraver la perte neuronale, et la mort des cellules neuronales peut nous rendre plus vulnérables à la démence. Allison : Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur la manière dont l’altération de la barrière hématoencéphalique augmente le risque de démence? Mme Sumbria : Imaginez la barrière hématoencéphalique comme le principal gardien de votre cerveau. Une fois que l’on permet aux protéines externes, aux cellules externes d’entrer dans le cerveau, elles commencent à affecter les cellules immunitaires du cerveau. Pour faire simple, nous savons tous que notre sang contient des globules blancs qui combattent les infections et sont censés nous protéger. Nous avons dans le cerveau un autre ensemble de cellules que l’on appelle la microglie, les cellules immunitaires du cerveau. Lorsque des protéines entrent dans le cerveau d’un coup ou par vagues, la microglie s’active. Allison : Parce qu’elle pense qu’il y a une infection? Mme Sumbria : Oui, la microglie s’active et commence à créer cet environnement pro-inflammatoire qui est vraiment nocif. Elle favorise aussi l’accumulation d’une protéine toxique appelée bêta-amyloïde, que l’on trouve dans le cerveau des patients atteints de la maladie d’Alzheimer. Mais à force d’être suractivée, la microglie cesse de réagir au stimulus, car elle a perdu sa capacité à éliminer les protéines toxiques, qui continuent alors de s’accumuler. Le même phénomène se produit avec la protéine tau, qui s’accumule également dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer. La barrière hématoencéphalique se désintègre, l’inflammation s’installe. C’est en quelque sorte un cycle vicieux. Une fois que cela se produit, il est très difficile de corriger la situation. La plupart de ces connaissances proviennent d’études animales, car il est éthiquement impossible de demander à une personne de consommer de l’alcool pour en étudier les effets. Ainsi, la plupart de ces renseignements découlent des études sur les rongeurs. Mais une étude récente publiée ce mois-ci montre que les personnes consommant environ huit verres par semaine présentent également un risque accru d’accumulation de la protéine tau dans le cerveau. Les études menées sur les humains et les animaux disent passablement la même chose : la consommation d’alcool favoriserait l’accumulation de protéines toxiques, ce qui pourrait à terme augmenter le risque de démence. Jay : Docteure Sumbria, nous avons mentionné plus tôt que vous étudiez le rôle que joue le foie dans la démence. Que pouvez-vous nous dire sur le lien qui existe entre le foie et la démence? Mme Sumbria : Le premier cas de la maladie d’Alzheimer a été signalé il y a plus d’un siècle. Depuis, elle est généralement considérée comme étant une maladie « cérébro-centrique ». Cependant, les publications scientifiques montrent que d’autres organes jouent un rôle dans ces changements au cerveau qui caractérisent la maladie d’Alzheimer. Par exemple, le deuxième plus gros organe du corps humain, le foie, joue un rôle déterminant, à travers ce qu’on appelle la conversation foie-cerveau. Cette interaction entre les deux organes peut influencer la progression de la maladie d’Alzheimer. Ce lien prend une importance particulière quand on parle d’alcool. Quand on pense à la consommation d’alcool ou au trouble lié à la consommation d’alcool, le premier organe qui vient à l’esprit est le foie, et non le cerveau. Le foie a cette capacité d’éliminer les toxines et les substances indésirables présentes dans notre circulation sanguine. Si le foie est fortement endommagé, comme c’est le cas à la suite d’une consommation chronique d’alcool, sa capacité à éliminer toutes ces protéines indésirables ou excessives diminue. Cela fait que ces protéines indésirables, y compris la bêta-amyloïde, commencent à s’accumuler dans la circulation sanguine, ce qui, à son tour, favorise leur accumulation dans le cerveau. Ce phénomène pourrait contribuer à l’accumulation de bêta-amyloïdes observée dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer. C’est un sujet pour lequel nous avons développé un grand intérêt. Il n’y avait pas vraiment de documentation sur la conversation foie-cerveau dans le contexte de la consommation d’alcool et de la maladie d’Alzheimer. Cependant, nous sommes enthousiastes, car, dans les dernières années, les gens ont vraiment commencé à se pencher sur la question. C’est un sujet qui suscite énormément d’intérêt. Je pense que cela devient vraiment important quand on parle de consommation d’alcool, simplement en raison des effets directs de l’alcool sur le foie. Allison : Par exemple, si une personne réduit sa consommation d’alcool, est-ce que le foie commence à se régénérer? Et quel effet cette régénération a-t-elle sur le risque de démence? Mme Sumbria : C’est une question sur laquelle nous devons encore approfondir nos recherches, car il s’agit d’un sujet très nouveau. Voici mon hypothèse : si l’on diminue ou supprime tout facteur qui endommage le foie, il est possible d’envisager une réversibilité selon l’ampleur des dommages. En effet, nous savons d’expérience que les dommages importants causés au foie sont très difficiles à réparer. Ainsi, selon le stade où l’on se trouve, les dommages peuvent être réversibles ou irréversibles. Allison : Docteure Sumbria, merci beaucoup pour toute cette formidable information, et merci de nous aider à défier la démence. Mme Sumbria : C’est rien. Ce fut un plaisir d’être là. Merci beaucoup. Jay : Merci. Allison : Rachita Sumbria est professeure agrégée à l’ecole de pharmacie de l’universite Chapman. Elle nous a parlé depuis Irvine, en Californie. Notre prochain invité a écouté la Docteure Sumbria. Ian, 52 ans, a vaincu sa dépendance à l’alcool et aux drogues. Il est sobre depuis presque 11 ans et a parrainé plus d’une trentaine de personnes dans leur parcours de rétablissement, au sein même du programme qui l’a aidé. Mais la dépendance n’est qu’un chapitre de l’histoire d’Ian : il est à la fois mari et père de famille, et auteur prolifique pour la télévision. À cela s’ajoute le fait que Jay, mon coanimateur, le connaît depuis plus de 20 ans. Cependant, il y a un autre aspect important à souligner : Ian est aussi un proche aidant. Ses deux parents vivent avec la démence et, comme vous l’entendrez, tous deux étaient de grands consommateurs d’alcool. Pour protéger leur identité, nous n’utiliserons pas le nom de famille d’Ian. Celui-ci nous parle depuis Toronto. Ian, merci de nous aider à défier la démence. Ian : Merci de m’avoir invité, Allison. Allison : Qu’est-ce qui vous a frappé dans le témoignage de la Docteure Sumbria? Ian : Eh bien, il est intéressant de voir que la recherche sur ce sujet est encore embryonnaire. Je savais que l’alcool tue les cellules cérébrales, mais comme nous en avons beaucoup, cela ne m’avait jamais vraiment inquiété. En revanche, le lien entre le foie et le cerveau est quelque chose de vraiment intéressant, tout comme le processus par lequel le foie filtre les signes précurseurs de la maladie d’Alzheimer. Le foie ne peut plus effectuer cette fonction s’il est endommagé. Ces substances peuvent alors s’accumuler dans le cerveau, ce qui est à la fois fascinant et un peu effrayant. Jay : Ian, parlez-nous de vos parents. Comment vont-ils en ce moment? Ian : Ma mère est en fauteuil roulant et alitée. Elle dort la plus grande partie de la journée. C’est une femme renfermée. On parvient parfois à la faire sourire ou à la faire marmonner. J’espère qu’elle est encore présente, mais c’est difficile à dire. C’est un peu comme faire le deuil de ses parents toujours en vie. Quant à mon père, il a perdu la capacité de prendre ses décisions financières. Il est très distrait, il tombe souvent et est très émotif. Il a environ cinq ans de retard sur ma mère dans la progression de la maladie. Ils bénéficient tous deux de soins à domicile 24 heures sur 24. Ils en ont les moyens, et mon père ne placerait jamais ma mère dans un foyer. Ainsi, ils sont bien, mais c’est triste. Vraiment triste. Jay : Ian, vous avez souligné, comme la Docteure Sumbria, que la recherche sur le lien entre l’alcool et la démence est encore embryonnaire. Soupçonnez-vous que la consommation d’alcool a pu jouer un rôle dans la démence de vos parents? Ian : Oui, je le pense, car lorsque ma mère a reçu son diagnostic d’Alzheimer, les médecins lui ont aussitôt conseillé d’arrêter l’alcool. Pour moi, ce fut un gros signal d’alarme. Le premier signe. Je me suis alors dit qu’il devait y avoir quelque chose de grave si on lui disait d’arrêter l’alcool. Et mes parents n’en étaient pas capables. C’était le seul luxe qu’ils s’offraient. Ma mère adorait son verre de chardonnay à la fin de la journée et, même lorsque son état se détériorait, nous ne voulions pas la priver de sa bouteille, même si elle buvait de moins en moins. J’ai donc soupçonné très tôt que l’alcool avait probablement un effet. Je ne sais pas s’il s’agit de la cause, mais avec le recul, cela paraît logique. Allison : Pouvez-vous nous parler un peu du rôle de l’alcool dans votre vie de famille? Ian : D’aussi loin que je me souvienne, l’alcool était le lubrifiant social de notre famille. À chaque repas, lors de toutes les fêtes et célébrations, l’alcool coulait à flots. On rivalisait pour voir qui pouvait boire le plus, c’était une sorte de bravade. J’ai réalisé récemment que mes parents n’avaient jamais été honnêtes avec moi au sujet de leurs sentiments, que ce soit envers moi ou mes frères, sauf lorsqu’ils étaient ivres. C’est dans ces moments-là qu’ils étaient sincères, mais tout ça avait un aspect artificiel, car cette sincérité était induite par l’alcool. Et, bien sûr, ils ne se souvenaient de rien le lendemain. Ainsi, les sentiments n’étaient pas très présents. Je pense que cela a influencé la façon dont ils nous ont élevés. Quant à moi, l’alcool est devenu mon identité. Je n’ai jamais vraiment eu de sentiment d’appartenance, même au sein de ma propre famille, mais l’alcool me donnait le sentiment d’être normal. L’alcool a donc fait partie intégrante de ma vie dès mon plus jeune âge. Allison : À quel âge, dans votre enfance, l’alcool a-t-il commencé à devenir une partie de vous? Ian : Je me souviens d’avoir volé une petite quantité d’alcool dans chaque bouteille du bar pour faire ce qu’on appelait du tord-boyaux. Je devais avoir 10 ou 11 ans. Je suis allé chez un ami et j’ai tout bu. Peu après, j’ai vomi et je suis rentré chez moi. Le matin suivant, je me sentais très mal, mais j’en voulais encore. J’avais l’impression d’avoir trouvé quelque chose qui me donnait un sentiment d’appartenance, qui me permettait de me sentir connecté et normal. Allison : Donc, Ian, l’alcool jouait-il aussi un rôle important à l’école? Ian : Eh bien, l’alcool me donnait une identité. Je pouvais être le gars de party. Je traînais un sac à dos qui contenait non seulement de l’alcool, mais aussi des mélanges et souvent de la glace et des gobelets. Allison : Comme un bar ambulant? Ian : Oui, j’étais un bar ambulant. À côté de l’école, il y avait un club dont je faisais partie. J’y emmenais des amis dès neuf heures du matin pour jouer au billard et boire de la bière sur le compte de mes parents. Mon père raconte encore cette anecdote amusante, en disant que c’est ce que font les enfants de 12 ans. Mais ce n’est pas vrai, c’est loin d’être la réalité. Jay : Ian, quand nous vous avons présenté, nous avons mentionné que vous étiez un auteur télé prolifique. Pour avoir travaillé avec vous, je peux en témoigner. Mais, à l’époque où on travaillait ensemble, quelle était votre situation avec l’alcool? Ian : Eh bien, l’alcool a pratiquement tout détruit dans ma vie : mes relations, mes comptes bancaires, la liste est longue. Le travail était comme mon dernier rempart. Tant que j’avais un emploi, je parvenais quand même à gérer ma vie. Je travaillais dur, mais je buvais énormément. Lors d’un tournage, je travaillais toute la journée, puis je passais la plus grande partie de la nuit à boire. Je me réveillais encore ivre et je partais travailler. Je devais sentir l’alcool à plein nez. Je me rappelle qu’à un moment, je faisais des entrevues téléphoniques de chez moi. Je buvais et consommais des drogues activement, tout en interviewant des scientifiques célèbres, pensant que c’était normal, parce que je réussissais à tenir le coup. Avec du recul, je trouve ça fou, vraiment fou. Allison : Qu’est-ce qui vous a finalement poussé à arrêter de boire et à devenir sobre? Ian : Eh bien, je savais que j’avais une propension à la dépendance. J’ai longtemps évité la cocaïne, puis j’en ai trouvé et ça m’a détruit en moins de cinq ans. La cocaïne vous permet de boire plus d’alcool. Une nuit où je souffrais beaucoup, je me suis regardé dans le miroir et une voix a dit : « Ian, tu es en train de te détruire. » J’ai répondu : « Ça m’est égal. » J’ai eu si peur que j’ai appelé un centre de désintoxication. On m’a dit : « Nous sommes complets. Nous allons vous rappeler dans un mois. » Mon premier réflexe a été de me dire : « Super, un mois de plus pour faire la fête. » C’est fou. Sans surprise, je suis allé en désintoxication. Cela fait presque 11 ans. Jay : Quand vous êtes allé en désintoxication, avez-vous réussi à arrêter de boire et, je suppose, à cesser la drogue immédiatement? Ian : J’étais vraiment au bout du rouleau à mon arrivée. On vous enferme durant 40 jours. Ainsi, on vous oblige à devenir sobre. J’ai beaucoup dormi ce mois-là et j’ai commencé à me sentir mieux. On vous impose de suivre le programme en 12 étapes. J’avais ma propre idée sur le sujet : je pensais que c’était un programme à vocation religieuse, mais ce n’est pas le cas. Aussi, je pensais que j’étais unique à cause des difficultés que j’ai connues enfant. J’ai subi de la maltraitance, mais il se trouve que mon histoire n’avait rien d’exceptionnel. J’ai alors commencé à me sentir connecté aux autres. J’ai réalisé que ces personnes avaient le même parcours de vie que moi. Cela m’a fait grandir. On vous dit de trouver un parrain et de suivre les étapes du programme. J’étais désespéré : j’avais suivi des thérapies pendant 20, 30 ans. J’ai essayé le sport, tout ce que vous voulez, mais je ne trouvais pas de réponses à mon problème. J’ai donc suivi les conseils qu’on m’a donnés et, bien sûr, ça a marché. Je ne sais pas exactement comment. Je pense que j’étais suffisamment désespéré et amoché. Je suis très reconnaissant d’avoir découvert ce programme. Jay : À quel point a-t-il été difficile de rester sobre après, disons, les 40 premiers jours? Ian : Avec le recul, je me rends compte que ça n’a pas été facile. Ma vie entière tournait autour de l’alcool. Je n’avais jamais eu de relations sexuelles sobre. Je n’avais jamais dansé sobre. Je n’ai jamais vraiment eu de relations sociales sobre. Alors comment ai-je fait? J’ai tout simplement cru en ce programme. J’ai commencé à travailler avec les autres et je me suis mis à sortir. Je me rappelle être allé au dernier concert des Grateful Dead à Chicago. J’étais probablement l’une des rares personnes sobres parmi les 50 000 spectateurs. J’étais nerveux à l’idée de ne pas aimer la musique, de ne percevoir que du bruit, mais j’ai passé un très bon moment. Sans l’engourdissement de l’alcool, j’ai commencé à me sentir connecté aux autres en étant présent. J’ai commencé à ressentir de vraies émotions. J’ai découvert mon moi authentique et j’ai en quelque sorte trouvé un but dans la vie : aider les autres. Aujourd’hui, je considère que mon passé de toxicomane et d’alcoolique est l’un de mes plus grands atouts, car je peux aider les autres. La vie m’a aussi donné une seconde chance. Non, ça n’a pas été facile. Ça m’a demandé beaucoup de travail, et c’est précisément à cela que servent les étapes du programme. Elles vous aident à avancer. Mais, par-dessus tout, j’ai appris, c’est que mon problème n’était pas l’alcool et les drogues. Ils étaient la solution à mon problème. On pense toujours qu’il suffit de se débarrasser de l’alcool et des drogues pour aller mieux. Mais pourquoi est-ce que je consommais? Les étapes du programme m’ont aidé à le découvrir et m’ont donné des outils pour apprendre à vivre. Allison : C’est incroyable. Comme vous le savez, cet épisode se concentre sur la consommation d’alcool en tant que risque de démence. À quel point le risque de démence est-il présent dans votre esprit? Ian : Depuis que j’ai accepté de faire ce balado, j’y pense davantage. J’ai pensé passer les tests génétiques, mais je me suis demandé en quoi cela pourrait vraiment m’aider. J’ai pris la décision d’arrêter de consommer, et je pense que c’est un bon début. Je suis aussi beaucoup plus sociable qu’avant, je fais de l’exercice et j’ai une alimentation saine. Peut-être que le mal est déjà fait, mais au moins, depuis 11 ans, je vis en meilleure santé et fais de meilleurs choix. Et avec un peu de chance, ça s’améliorera avec le temps. Oui, c’est une préoccupation, mais il n’y a pas grand-chose d’autre que je puisse faire pour l’instant, à part ce que je fais déjà. Jay : Je pense que, à la lumière de ce que nous avons entendu au cours de cette série d’épisodes, nous pouvons te rassurer : en ce qui concerne les gènes, ce que tu fais en ce moment pour réduire les autres risques est probablement plus important que tout autre risque génétique. Mais, Ian, y a-t-il une chose que vous aimeriez que nos auditeurs retiennent de votre histoire? Ian : Oui. Si moi, après trente ans de dépendance, où je ne pouvais pas vivre sans alcool et sans drogues, j’ai réussi à suivre un programme et ne plus avoir besoin de ces substances, alors tout le monde peut y arriver. Je ne pensais jamais être capable d’abandonner. Quand je suis allé en désintoxication, je pensais qu’il me suffirait d’arrêter la cocaïne pour que je me sente bien. Je pensais pouvoir continuer à boire. Heureusement, ça m’a donné la chance de réfléchir à ma vie. Mais il faut de la volonté et être parfaitement honnête avec soi-même, car personne ne le fera à votre place. Vous devez faire des efforts, tous les jours. Ce qui est super, c’est que, si vous le faites et que vous êtes capable d’aider les autres, vous commencez à ressentir un sentiment d’à-propos et de sérénité. Vous commencez à vous aimer et à profiter pleinement de la vie. J’encourage donc tout le monde à chercher de l’aide. Je suis disponible pour vous aider si vous en avez besoin. Voilà. Tout est dit. Allison : Tout d’abord, félicitations Ian, pour avoir maintenu votre sobriété durant presque 11 ans. C’est un défi pour n’importe qui, surtout après 30 ans de consommation. Tout ce que vous avez accompli, votre vision de la vie et votre engagement à soutenir les autres font de vous une personne exceptionnelle. Merci beaucoup pour tout ça. Et merci de nous aider à défier la démence. Jay : Oui, merci, Ian. Ian : Merci de m’avoir invité et de produire cette émission. C’est très important. Allison : Ian est père, mari, fils et auteur télé. Il nous a parlé depuis Toronto. Jay : Notre prochain invité a écouté Ian. Le Dr Tim Naimi est médecin de formation et directeur de l’Institut canadien de recherche en toxicomanie de l’Université de Victoria. Il est un des auteurs du document Repères canadiens sur l’alcool et la santé, le rapport d’information du fédéral sur la consommation d’alcool à l’intention des Canadiens. Il est également l’un des principaux créateurs du site Web https://knowalcohol.ca (c’est know, K-N-O-W comme comprendre l’alcohol), un outil fort intéressant qui permet à chacun d’entrer sa consommation d’alcool pour obtenir, de manière simple et précise, une estimation du risque pour sa santé. De plus, le site calcule le coût financier de la consommation d’alcool sur une vie entière. Tim nous parle depuis Victoria. Tim, merci de nous aider à défier la démence Tim : Merci à vous deux de m’avoir invité. Jay : Tim, qu’est-ce qui vous a frappé dans l’histoire d’Ian? Tim : Eh bien, il y avait plusieurs points intéressants. Tout d’abord, beaucoup de personnes pensent que le trouble lié à la consommation d’alcool, ou l’alcoolisme, est lié à la génétique. L’histoire d’Ian nous montre que ce qui compte vraiment, c’est que nous sommes tous un produit de notre environnement. Selon moi, c’est un aspect essentiel. Par ailleurs, Ian soulève des liens intéressants entre l’alcool et la démence, non seulement par rapport à sa propre situation, mais aussi par rapport à celle de ses parents. Allison : Plus tôt, nous avons entendu la Docteure Sumbria présenter en détail la façon dont l’alcool affecte le cerveau sur le plan anatomique. Je me demande si vous pouvez nous donner un aperçu général de l’incidence de ces changements sur la santé cognitive d’une personne. Tim : Eh bien, Allison, si on regarde la quantité d’alcool qu’une personne a consommée durant toute sa vie et si on regarde ensuite les scintigraphies de son cerveau, on constate qu’il y a une forte corrélation entre la quantité d’alcool consommée et le degré d’atrophie, c’est-à-dire le niveau de rétrécissement du cerveau. L’alcool fait rétrécir le cerveau : c’est aussi simple que cela. Les études épidémiologiques montrent d’ailleurs un lien entre une consommation excessive d’alcool et la démence. En fait, les jeunes et les adolescents qui font des beuveries express ou qui s’enivrent fréquemment ont cinq fois plus de risques de développer une démence plus tard dans leur vie. Allison : L’alcool présente-t-il des effets protecteurs ou bénéfiques en ce qui concerne le risque de démence? Par exemple, vous avez peut-être entendu dire que le vin rouge était bon pour la santé. Mais dans quelle mesure est-ce vrai? Tim : Eh bien, c’est un point intéressant. Je pense que, s’il y avait un avantage, il serait très, très minime. Le message principal, en ce qui concerne la santé cognitive et la démence, est qu’il est préférable de boire le moins possible. C’est une certitude. Les effets des consommations très faibles restent controversés. Aussi, il y a un nouveau type d’étude appelée étude mendélienne ou étude de randomisation génétique qui ne révèle aucune protection, même à des doses infimes. Donc, ici encore, sans doute, aucun effet protecteur, même avec des quantités infimes. Et même s’il existait un effet, il serait préférable de boire le moins possible. L’alcool est un facteur de risque important de la démence que l’on peut modifier. Jay : Tim, j’aimerais revenir sur un point que vous venez de mentionner sur la consommation excessive d’alcool chez les jeunes et le risque élevé qui en découle. Prenons l’exemple d’une personne qui a beaucoup bu jusqu’à l’âge de 30 ou 35 ans, et qui décide d’arrêter. Y a-t-il un avantage à en tirer? Tim : Eh bien, ce genre de question n’a pas été étudié. Disons que, si l’on continue à boire en grande quantité, la situation ne fera qu’empirer. Je peux donc affirmer sans réserve qu’il y a un avantage à arrêter. C’est aussi une question de bon sens, comme on dit : « si tu te rends compte que tu es au fond du trou, il faut arrêter de creuser ». C’est l’idée, je pense. Si on a consommé beaucoup d’alcool dans sa jeunesse et au début de l’âge adulte, il y a indéniablement déjà eu des dommages neurologiques. Ceux-ci ne sont peut-être pas encore manifestés, car, en vieillissant, certaines fonctions cognitives déclinent naturellement, et c’est souvent à ce moment-là que ces dommages causés par l’alcool deviennent apparents. Je devrais mentionner qu’en plus de ses effets sur le cerveau, l’alcool est un facteur de risque hyper important pour d’autres choses comme les traumatismes cérébraux, les AVC, les crises d’épilepsie, etc. Donc, l’alcool est un facteur de risque important de la démence que l’on peut modifier, qui a également une incidence majeure sur de nombreux problèmes liés au cerveau. Jay : Comme nous l’avons entendu dans cette série, bon nombre des choses que vous venez de mentionner contribuent aussi au risque de démence. Donc, si nous regardons non seulement l’aspect individuel et la quantité consommée, mais aussi au niveau de l’ensemble de la population, quelle importance accorderiez-vous à la consommation d’alcool comme facteur de risque de démence? Tim : Je dirais qu’elle est très significative. Plusieurs études sur ce sujet ont été menées en France et au Canada. Je pense que la commission Lancet sur la démence a d’ailleurs joué un rôle déterminant. Allison : Donc, juste pour clarifier les choses, toujours à l’échelle de la population, si une personne a bu et réduit sa consommation d’alcool, quel effet cela a-t-il sur le risque de démence? Est-ce que cela améliore la santé cognitive? Tim : Oui, cela améliore bel et bien la santé cognitive. La plupart des études ayant été menées portent uniquement sur les effets de la quantité totale d’alcool consommée au cours d’une vie et le risque de démence. Peu d’études ont été menées sur un groupe de personnes qui consomment beaucoup, où on tente de réduire leur consommation, puis on observe les résultats. Lorsqu’on arrête de boire, même tardivement, on diminue la quantité totale d’alcool absorbée. Il arrive que le foie se régénère, mais les faits concernant la régénération du cerveau ne font pas l’unanimité. Ici encore, en réduisant le plus possible son exposition totale à l’alcool, on réduit son risque de démence. Allison : Je pense que bien des gens qui ont entendu l’histoire d’Ian vont s’y reconnaître, car il est souvent très, très difficile pour ceux dont l’alcool fait partie du quotidien de réduire leur consommation. Alors, quel est le meilleur moyen d’y arriver? Tim : La réponse courte et simple est que les personnes qui ont un trouble lié à la consommation d’alcool peuvent avoir besoin d’une aide professionnelle. Mais pour la grande majorité des gens qui boivent, ou qui consomment, la première étape consiste à prendre conscience de ses habitudes. C’est là que, selon moi, le document Repères canadiens sur l’alcool et la santé peut aider. Nous y présentons divers niveaux de consommation et nous tentons d’amener les personnes de tous les niveaux à réfléchir aux risques associés à leur consommation, car il est difficile de changer ses comportements si on n’y pense pas vraiment. Il faut se fixer un objectif, puis se faire un plan, car comme disait le professeur de deuxième année de ma fille : « Un objectif sans plan n’est qu’un souhait. » Pour bon nombre de personnes, nous en avons parlé durant le mois de janvier sans alcool, l’idée n’est pas de penser la sobriété comme une privation, mais de tenter de remplacer l’alcool par d’autres activités. Ça peut vouloir dire passer un peu moins de temps avec ses amis de beuverie et plus de temps avec d’autres amis et à faire diverses activités. Ici encore, on peut en parler à ses amis et à sa famille, réfléchir aux raisons pour lesquelles on veut boire moins, et aux avantages que ça peut apporter. Je vais également profiter de l’occasion pour faire la promotion de notre calculateur en ligne, knowalcohol.ca, où les gens peuvent consulter leur consommation de calories, les coûts financiers de leur consommation et les avantages de la modération. Par exemple, si j’indique que je bois 16 verres par semaine et que je veux réduire ma consommation pour la ramener dans la zone de risque modéré supérieur pour le Canada a 6 verres par semaine, je peux voir, par exemple, l’espérance de vie ou le nombre de minutes gagnées pour chaque verre non consommé. Je peux aussi voir les économies réalisées sur une vie et ce genre de choses. Jay : Comment abordez-vous ce point quand vous parlez de la réduction de la consommation d’alcool? Car bien des gens ont l’impression qu’on leur demande de renoncer à quelque chose qu’ils apprécient vraiment et qui fait partie de leur vie sociale. Tim : Je pense qu’il est vraiment important de reconnaître qu’il y a beaucoup de raisons qui amènent les gens à boire. Beaucoup de personnes boivent parce que ça leur procure du plaisir, surtout à petites doses. Comme vous l’affirmez, pour beaucoup, c’est une façon de socialiser. C’est notamment le cas des personnes un peu anxieuses. D’autres boivent simplement parce que c’est une habitude familiale. C’est là que la prise de conscience entre en jeu. Avec les Repères canadiens sur l’alcool et la santé, l’objectif n’est pas d’inciter les gens à limiter leur consommation à deux ou six verres par semaine, mais plutôt de les aider à se situer par rapport aux bénéfices pour la santé et à envisager de réduire leur consommation. Allison : Ce sont les petits pas dont on parle toujours. Tim : Oui, des petits pas. Jay : Y a-t-il un chiffre précis, car on entend parfois que l’idéal est de ne pas boire du tout, ou encore deux verres par semaine? Y a-t-il un seuil en deçà duquel on peut être certain de protéger, voire d’améliorer sa santé cognitive? Tim : Eh bien, les Repères canadiens sur l’alcool et la santé reposent principalement sur le risque de décès prématuré à cause de l’alcool. Mais, on y fait aussi le parallèle avec le risque de démence de façon générale. Je dirais que viser deux verres par semaine, c’est ce qui comporte le moins de risque. Sinon, il vaut ne pas dépasser un verre par jour. Il faut également tenir compte de la façon de répartir sa consommation. Boire cinq ou six verres en une seule occasion est pire pour la santé du cerveau que de répartir ces verres tout au long de la semaine. Allison : Tim, l’un des slogans de Défier la démence, c’est « Il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau. » Vous avez évoqué les jeunes un peu plus tôt, mais qu’est-ce qu’ils devraient savoir sur la consommation d’alcool et la réduction du risque de démence, même à leur âge? Tim : En fait, certaines des études récentes montrent une forte corrélation entre la consommation dans la jeunesse et à l’adolescence et le risque de démence. En général, les enfants sont très intelligents et ils accordent de l’importance à leur cerveau. Bon nombre d’entre eux ont des grands-parents qui sont atteints de démence et ils voient ce à quoi ça ressemble. Ainsi, selon moi, c’est une question de qualité de vie. Je viens des États-Unis, mais, tant aux États-Unis qu’au Canada, on observe une baisse de la consommation d’alcool chez les jeunes, qui a distancé celle des adultes. C’est assez intéressant : on sent qu’il y a, chez certains jeunes et jeunes adultes, un intérêt grandissant pour un mode de vie sain, et beaucoup choisissent de boire moins. De plus, il y a beaucoup d’excellents produits sans alcool ou à teneur faible en alcool qui sont vraiment savoureux. Ainsi, je pense que le mouvement d’intérêt pour la sobriété suscite de l’intérêt. Donc, je ne m’inquiète pas trop pour les jeunes, mais plutôt pour les adultes d’âge moyen et les personnes âgées. Allison : D’ailleurs, dans presque tous les restaurants chics, il y a autant de choix de cocktails sans alcool que de cocktails classiques. Je vois de plus en plus de gens opter pour les boissons sans alcool, simplement parce que cette option existe. Tim : L’une des manières d’amener les gens à réduire leur consommation est de leur faire comprendre qu’ils pourraient commencer à considérer l’alcool comme un petit plaisir ou quelque chose de spécial, réservé aux fins de semaine. On peut alors choisir des produits de meilleure qualité ou limiter l’alcool aux occasions spéciales. De plus, comme vous le mentionnez, il existe maintenant d’excellentes bières sans alcool et même certains vins sans alcool qui sont très bons. Jay : Tim, ça a été absolument fascinant, ça donne matière à réflexion. Merci beaucoup d’avoir participé à Défier la démence. Tim : Merci à vous deux de m’avoir invité. Jay : Le Dr Tim Naimi est directeur de l’Institut canadien de recherche en toxicomanie de l’Université de Victoria. Il nous a parlé depuis Victoria, en Colombie-Britannique. Il y avait beaucoup d’informations intéressantes, Allison. Qu’est-ce qui t’as le plus marquée? Allison : Deux choses sont ressorties pour moi. D’abord, le lien entre le foie et le cerveau. Je n’y avais jamais vraiment pensé et je ne connaissais pas grand-chose à ce sujet, mais j’en ai appris beaucoup aujourd’hui. C’était vraiment intéressant. Ensuite, c’est à quel point il est difficile d’arrêter de boire. Je pense que le message est très clair : il est préférable de boire moins ou de ne pas boire du tout. Mais c’est aussi extrêmement difficile, car l’alcool est omniprésent dans notre culture. J’ai trouvé ça vraiment intéressant quand Tim parlait de l’importance de comprendre pourquoi on boit, pour savoir comment réduire sa consommation. Jay : Je suis tout à fait d’accord. Dans n’importe quelle série télé populaire, que ce soit Mad Men ou la toute récente série White Lotus, l’alcool est présent dans presque toutes les scènes. Récemment, je suis allé en vacances au Mexique avec quelques-uns de mes enfants et leurs conjoints. Nous nous sommes bien amusés, mais je ne me voyais pas du tout prendre à part quelqu’un dans la trentaine pour lui dire « Tu sais, on s’amuse beaucoup et il y a de l’alcool partout, mais savais-tu que l’alcool c’est mauvais pour ton cerveau » Et, comme Tim l’a souligné – si on pense aux ados – même si mes enfants sont plus vieux qu’eux, c’est extrêmement difficile. Allison : Absolument. On sait que réduire sa consommation d’alcool, c’est bénéfique sur de nombreux plans. Il faut aussi se rappeler qu’une consommation excessive d’alcool est un facteur de risque, non seulement pour la démence, mais aussi pour bien d’autres problèmes de santé. Par conséquent, arrêter ou réduire sa consommation sera bon pour votre santé. Toutefois, de nombreuses recherches sont encore nécessaires pour comprendre tous les détails. Pour en savoir plus sur la manière de renforcer la santé du cerveau et de réduire le risque de démence, ou d’en ralentir la progression, visitez notre site, defier la demence (point) org. Vous y trouverez les autres épisodes du balado, ainsi que nos vidéos, des images infographiques et d’autres ressources. Aussi, on y ajoutera des liens vers le document Repères canadiens sur l’alcool et la santé et le site de Tim, knowalcohol.ca. C’est know, K-N-O-W comme comprendre l’alcohol Jay : Notre équipe de production pour ce balado est composée de Rosanne Aleong et Sylvain Dubroqua. Notre rédacteur et réalisateur-chasseur est Ben Schaub. La production est assurée par PodTechs. La musique a été composée par Steve Dodd et le dessin de la page couverture a été réalisé par Amanda Forbis et Wendy Tilby. Allison : Nous tenons aussi à remercier les organismes qui ont financé ce balado, la fondation de la famille Slaight, ainsi que le Centre d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement, et Baycrest. Aussi, nous sommes très reconnaissants pour votre soutien. Cliquez sur le bouton d’abonnement pour suivre Défier la démence partout où vous écoutez vos balados. N’oubliez pas de laisser un j’aime, un commentaire ou une note de cinq étoiles. C’est très apprécié. Jay : Dans le prochain épisode de Défier la démence, nous parlerons de la perte de vision non traitée, un facteur de risque récemment ajouté à la liste des causes potentielles de la démence. Non seulement une vision non corrigée augmente la charge cognitive quand on tente de lire ou qu’on observe quelque chose, mais elle interagit aussi avec d’autres facteurs de risque comme l’activité physique et le bien-être. Ce sujet est passionnant. Vous n’en croirez pas vos yeux et vos oreilles. La prochaine fois à Défier la démence. Je m’appelle Jay Ingram. Allison : Et moi, Allison Sekuler. Merci d’avoir écouté Défier la démence. Et n’oubliez pas : il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau.