Allison : Bienvenue à Défier la démence, le balado pour quiconque a un cerveau. Jay : Défier la démence, c’est vivre de manière à garder son cerveau en santé et à réduire les risques de démence. Car la démence ne dépend pas seulement des gènes. La génétique peut jouer un rôle, mais des facteurs liés au mode de vie, comme le manque de sommeil, l’isolement social et le manque d’exercice ne sont pas à négliger. Allison : Comme nous l’avons mentionné à plusieurs reprises dans cette émission, les données probantes les plus solides indiquent que, si nous apportions des changements sains pour contrer ces facteurs de risque, nous pourrions réduire d’au moins 45 % les cas de démence à l’échelle de la planète. Ce chiffre est considérable. Jay : Il n’y a pas si longtemps, Allison et moi avons pris des résolutions pour préserver la santé de notre cerveau, des changements que nous avons tenté d’intégrer à notre quotidien. Et aujourd’hui, nous vous faisons part de nos résultats. Cet épisode s’intitule : « La quête de Jay et Allison pour un cerveau en santé ». Et, pour ne rien vous cacher, tout n’a pas été parfait, car nous sommes humains et le changement est difficile. Allison : Nous avons toutefois une émission remarquable à vous proposer, ainsi que des actualités fascinantes sur le vieillissement et la santé du cerveau qui, selon nous, méritent votre attention. Jay : Je m’appelle Jay Ingram. Je suis journaliste scientifique. Je m’intéresse depuis longtemps aux défis liés à la santé du cerveau, en particulier la démence. Allison : Je m’appelle Allison Sekuler. Je suis présidente et scientifique en chef à l’Académie de recherche et d’éducation Baycrest et au Centre d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement. Jay : Joignez-vous à nous pour défier la démence. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau. Allison : Au début de notre lutte contre la démence il y a deux ans, notre principal objectif était de faire passer le message que la démence n’est pas une fatalité liée au vieillissement. Nous souhaitions également que les gens comprennent que l’adoption d’un mode de vie sain est essentielle pour réduire le risque de démence. Jay : Lors des émissions précédentes, Allison et moi-même avons fait part à nos auditeurs de nos résolutions du Nouvel An pour améliorer la santé de notre cerveau. Nous avons évoqué nos projets pour réduire notre propre risque de démence. Dans l’émission d’aujourd’hui, nous allons faire le point sur nos progrès dans notre quête d’un cerveau en meilleure santé. Mais tout d’abord, voici quelques actualités liées à la santé du cerveau qui méritent une attention particulière. Allison : L’une des nouvelles les plus importantes est la publication récente des résultats de l’essai clinique U.S. POINTER, une étude majeure sur la santé du cerveau. Les resultats ont été dévoilés quelques jours avant l’enregistrement de notre émission, lors de la conférence internationale de l’Association Alzheimer qui avait lieu à Toronto. Cette étude a permis de mener des tests sur plus de 2 000 aînés volontaires présentant un risque de troubles cognitifs et de démence. Surtout, ce groupe était beaucoup plus diversifié que ceux des essais précédents qui ont eu lieu en Finlande, entre autres. Les résultats ont confirmé que le fait d’apporter des changements positifs et de prêter attention à certains aspects de notre vie quotidienne, tels que l’activité physique et l’alimentation, améliorent effectivement la santé du cerveau, comme nous l’avons toujours affirmé dans cette émission. Jay : C’est tout à fait exact. Fait intéressant, l'étude U.S. POINTER portait sur deux groupes distincts. L’un bénéficiait de beaucoup de soutien pour adopter un mode de vie plus sain, l’autre, moins. Une moitié des participants ont participé à une série de réunions et se sont vu imposer un programme précis pour mettre en œuvre les changements recommandés. Autrement dit, il s’agissait d’un programme très structuré. Les participants de l’autre moitié ont été livrés à eux-mêmes. Ils ont assisté à quelques réunions et ont été encouragés à agir, mais sans programme de soutien précis. Les résultats de l’étude ont révélé que les deux groupes ont obtenu des bienfaits sur le plan cognitif, mais le groupe qui avait bénéficié d’un soutien plus important avait enregistré une amélioration plus marquée de ses fonctions cognitives que le groupe sans programme de soutien. Allison : Mais le fait que les deux groupes ont été bénéfiques est très important. Cela signifie que les changements de mode de vie peuvent avoir un effet durable et qu’il n’est pas nécessaire de mettre en place des programmes coûteux et un soutien important pour les maintenir. Autrement dit, les gens peuvent modifier leurs habitudes en grande partie par eux-mêmes, sans intervention. Et c’est une bonne nouvelle, même pour nous, Jay. Jay : Oui, peut-être même pour nous. Nous le découvrirons plus tard dans l’émission. Allison : Il s’agit seulement d’une première publication des résultats de l’essai U.S. POINTER. D’autres études suivront, et elles comprendront les conclusions obtenues à partir d’imageries cérébrales et d’analyses sanguines, qui devraient fournir beaucoup plus de détails sur l’incidence des comportements sains sur la santé du cerveau. Jay : Un autre sujet brûlant abordé lors de la conférence internationale de l’Association Alzheimer concernait les nouvelles analyses sanguines permettant de détecter la démence, en particulier la maladie d’Alzheimer. Ces analyses font actuellement l’actualité, car elles ouvrent la voie à un diagnostic plus précoce de la maladie et à l’administration plus rapide de nouveaux traitements. En réalité, ces traitements contre la maladie d’Alzheimer ne sont approuvés que depuis quelques années et ils font l’objet d’essais cliniques. Je dois préciser que, pour l’instant, ces traitements ne constituent en aucun cas un remède miracle. Cependant, lors de cette même conférence, des chercheurs ont annoncé les résultats d’essais cliniques qui suggèrent que deux des médicaments testés ont des effets bénéfiques durables pour les personnes aux stades précoces de la maladie. Dans l’un de ces essais, les deux tiers des personnes ayant pris ces médicaments n’ont présenté aucun déclin cognitif après quatre ans, et plus de la moitié d’entre elles ont même constaté une amélioration. Ces résultats sont très encourageants, mais ces médicaments sont coûteux et leur utilisation peut s’accompagner de risques pour la santé sévère, comme des hémorragies cérébrales. Malgré cela, les essais cliniques comme ceux-ci ont montré que plus les médicaments sont administrés à un stade précoce de la maladie, plus ils sont efficaces. Et c’est là que réside le défi. Jusqu’à présent, il était difficile de déterminer avec précision à quel moment une démence comme la maladie d’Alzheimer avait réellement fait son apparition. Voilà où les nouvelles analyses sanguines entrent en jeu. Un test sanguin précis pourrait ouvrir la voie à un traitement plus précoce. Voici un exemple. Une nouvelle analyse sanguine a récemment été approuvée par le Secrétariat américain aux produits alimentaires et pharmaceutiques. Ce test sanguin est précis car il obtient un score supérieur à 90 % tant pour la détection de la maladie lorsqu’elle est réellement présente que pour la réduction des faux positifs. Ainsi, les personnes qui obtiennent un résultat positif pourraient potentiellement faire l’objet d’un traitement pharmacologique précoce. L’autre avantage est que, contrairement à d’autres analyses concurrentes, celle-ci ne nécessite qu’une prise de sang, sans scintigraphie cérébrale ni ponction lombaire. Ce n’est qu’une analyse parmi de nombreuses autres. Si l’on compare le nombre d’analyses disponibles aujourd’hui à celui d’il y a cinq ans, on constate que les progrès sont très rapides. Allison : En tant que chercheuse dans ce domaine, je considère que nous vivons une période particulièrement stimulante pour la recherche sur la démence. Je pense que ce domaine est plus actif et plus prometteur que jamais. Cependant, comme tu l’as mentionné, il reste encore beaucoup à accomplir. Et ce n’est pas parce que nous disposons désormais de nouveaux traitements et de nouvelles approches que nous devons ignorer tout ce que nous avons mentionné jusqu’à présent. Le mode de vie exerce une influence considérable et nous devons en savoir plus sur ce que nous appelons la « polythérapie ». Par exemple, comment les traitements pharmacologiques dont tu as parlé agissent-ils en combinaison avec certains des changements de mode de vie dont on parle dans ce balado? Ou qu’en est-il des autres types de traitement, comme la stimulation cérébrale, qui constituent également un domaine d’intérêt émergent? Il existe toutes sortes de façons de combiner les traitements. Nous n’en sommes qu’au début de nos recherches dans ce domaine. Il existe aussi quelques mises en garde que les gens doivent connaître à propos de ces analyses sanguines. La principale réserve concerne le fait que celles-ci ne sont pas censées diagnostiquer la démence en soi. Ce n’est pas comme si tu pouvais commander une analyse à domicile sans consulter un médecin, juste pour savoir si tu as ou non la maladie d’Alzheimer. Les nouvelles analyses sont vraiment, comme tu l’as dit, un moyen de contourner des examens lourds comme une ponction lombaire ou une imagerie par résonance magnétique qui sont effectués en complément d’une consultation chez le médecin. Ces examens sont beaucoup plus difficiles à obtenir. Donc, si tu as consulté un médecin et qu’il soupçonne la maladie d'Alzheimer, les analyses sanguines pourraient être utilisées en remplacement de la ponction lombaire ou de l’IRM. Ce sont des marqueurs de la maladie d’Alzheimer, pas un diagnostic définitif. On y arrivera peut-être un jour, mais on n’en est pas encore là. Il est important que les gens fassent preuve d’une certaine prudence sur la façon dont ils utilisent ces outils, parce que, comme nous sommes bien placés pour le savoir toi et moi, ils sont parfois trop médiatisés et nous voulons donner l’heure juste. Il y a vraiment beaucoup de promesses et d’espoir à ce sujet. Jay : Et Allison, avant de conclure sur le sujet des nouvelles analyses et des nouveaux traitements, une nouvelle très intéressante a été annoncée pendant l’enregistrement de cette émission. Une équipe de scientifiques américains a déclaré que le lithium, un élément chimique, est probablement indispensable pour la santé du cerveau. Et cette nouvelle fait parler d’elle parce qu’elle pourrait ouvrir la voie à un futur traitement contre la maladie d’Alzheimer, même si c’est un peu tôt pour l’affirmer. Les chercheurs ont en effet découvert que le taux de lithium était faible dans le cerveau des personnes atteintes de troubles cognitifs et de la maladie d’Alzheimer. Cette découverte corrobore une étude danoise antérieure selon laquelle les taux de démence étaient plus élevés dans les régions où il y avait une faible teneur en lithium dans l’eau potable. Ce nouveau rapport ajoute des données essentielles issues d’études sur des souris. Dans le cerveau des souris, un faible taux de lithium accélère les lésions cérébrales typiques de la maladie d’Alzheimer, et une nouvelle classe de produit pharmaceutique au lithium inverse ces lésions sans aucun effet toxique associé. Allison : C’est également très encourageant. Cela ouvre la voie à un nouveau traitement contre la maladie d’Alzheimer, mais les chercheurs doivent évidemment s’assurer que tout traitement potentiel fonctionnerait aussi chez les humains, et pas seulement chez les souris, et qu’il serait sans danger pour nous. En plus d’être un traitement possible, cette découverte laisse entrevoir la possibilité pour les cliniciens de mesurer les taux de lithium afin de dépister la maladie d’Alzheimer à un stade précoce. Jay : Nous avons beaucoup entendu parler de nouvelles analyses et de nouveaux traitements, c’est vraiment encourageant, mais pourquoi attendre? Pour l’instant, la modification des facteurs de risque liés au mode de vie reste la mesure la plus immédiate à prendre. Allison : Tout à fait. Maintenant, autre sujet d’actualité, les feux de forêt. Ils ont été au centre des préoccupations de tout le monde cet été, en grande partie à cause des feux qui ont ravagé le Canada et la Californie. La fumée peut se propager sur de grandes distances, détériorant la qualité de l’air. On a déjà parlé de la pollution de l’air dans cette émission, car elle est reconnue comme un facteur de risque de démence, en particulier les petites particules qui peuvent pénétrer dans l’organisme. À la fin de l’année dernière, une étude publiée dans une revue de neurologie a ajouté une nouvelle dimension quelque peu inquiétante à toutes les actualités sur les incendies de forêt. Elle a en effet établi un lien clair entre la fumée des feux de forêt et le risque de démence. Cet article se concentrait sur les particules fines d’un certain type de pollution, dont le diamètre n’est que de 2,5 micromètres. Pour vous donner une idée : vous pouvez aligner 30 à 40 de ces particules sur la largeur d’un cheveu humain. C’est dire à quel point elles sont petites. Et en raison de leur taille, les scientifiques craignent qu’elles puissent pénétrer dans le sang par les poumons, traverser la barrière hémato-encéphalique et compromettre la santé du cerveau. Jay : Il convient de souligner qu’on a retiré cet article, publié dans le Journal of the American Medical Association: Neurology, en raison d’un codage erroné qui a faussé les résultats. Quand un article est retiré, cela peut soulever des questions, mais, dans ce cas précis, l’étude a été corrigée, soumise de nouveau et acceptée. Il n’y a rien de mal à cela. En fait, c’est ainsi que fonctionne la science : les résultats sont vérifiés, examinés et, parfois, de petites corrections doivent être apportées. Mais dans ce cas précis, je suis convaincu qu’il existe un lien entre la fumée des feux de forêt et le risque de démence. Allison : L’article révisé indique toujours que l’exposition à la fumée des feux de forêt, plutôt qu’à d’autres types de pollution, est associée à un risque plus élevé de recevoir un diagnostic de démence. Il y est également précisé que ce lien est particulièrement marqué chez les personnes de moins de 75 ans et certains groupes minoritaires, comme les communautés asiatiques et noires non hispaniques. La raison exacte de ce phénomène reste à déterminer. Mais les résultats suggèrent qu’une réduction de l’exposition à la fumée des feux de forêt pourrait potentiellement diminuer le risque de démence. Il faut donc surveiller l’évolution de ces recherches, car la fumée des feux de forêt entraîne des répercussions de plus en plus importantes sur nos vies. Si on y réfléchit bien, Jay, l’une des raisons pour lesquelles la fumée des feux de forêt a probablement un effet aussi important, si on le compare à celui d’autres types de pollution, c’est que, lors d’un feu de forêt, ce ne sont pas seulement les arbres qui brûlent, mais aussi les maisons, les voitures et toutes sortes de produits chimiques. Donc, en plus des particules fines, il y a ce mélange toxique de dioxyde d’azote, d’hydrocarbures aromatiques polycycliques et de métaux lourds. Toutes ces substances qui pénètrent dans l’organisme peuvent provoquer une inflammation et un stress oxydatif, et augmenter le risque d’accumulation de protéines, comme l’amyloïde et la protéine tau, qui sont liées à la maladie d’Alzheimer. Jay : Et Allison, tu as souligné qu’on avait déjà mentionné que la pollution de l’air en général représentait un risque. Une étude récente s’est intéressée à la pollution atmosphérique, en ne se limitant pas aux particules fines, mais en englobant aussi le dioxyde d’azote et les particules de suie. Et ça me laisse perplexe. L’étude a conclu que ces trois éléments augmentent le risque de démence, même si tu es simplement debout, au bord d’une route. Dans ce cas précis, l’une des routes principales étudiées se trouvait à Londres, en Angleterre. La pollution atmosphérique, y compris la pollution automobile et la fumée des feux de forêt, constitue donc un élément dont nous devons tenir compte. Allison : On peut faire certaines choses. Par exemple, Rosanne Aleong, qui collabore à la production de ce balado, porte un masque quand elle marche dans une rue très polluée de Toronto. Ainsi, elle se protège quand elle est près des routes. Si l’air est mauvais dehors, on peut porter un masque. Celui-ci capte les particules fines, les filtre et réduit le risque qu’elles pénètrent dans notre corps. On peut aussi, bien sûr, rester à l’intérieur quand la qualité de l’air est mauvaise. Et dans ce cas, il faut se rappeler que de l’air pollué peut s’infiltrer. Il faut toujours s’assurer que les purificateurs d’air de la maison fonctionnent. On peut même fabriquer son propre purificateur d’air, ce que tu as fait, Jay, je crois. Notre site Web comporte des renseignements sur la façon de fabriquer une boîte Corsi-Rosenthal. Jay : On va maintenant jeter un œil à de nouvelles études vraiment intéressantes sur les virus et leurs effets potentiels sur le risque de démence. On va surtout parler du virus qui cause la varicelle quand on est jeune et qui peut revenir sous forme de zona quand on vieillit. Trois études indépendantes ont été publiées récemment et montrent que le fait de se faire vacciner contre le zona à l’âge adulte peut réduire le risque de démence de 20 %. Cette nouvelle découverte me réjouit, Allison, car je vais pouvoir ajouter le vaccin contre le zona à mes bonnes résolutions. Je trouve que c’est une très, très bonne nouvelle. Et ça laisse à penser que les virus jouent un rôle important dans le risque de démence, non? Allison : Oui, et beaucoup de gens ne le savent peut-être pas, mais il y a depuis longtemps une hypothèse selon laquelle les virus pourraient être liés à la neurodégénérescence et à la maladie d’Alzheimer. Il y a donc d’autres exemples où des virus ont été spécifiquement associés à la démence. Je trouve cet exemple très intéressant parce qu’on a déjà un vaccin à notre disposition qu’on pourrait exploiter. Ce sujet sera peut-être d’autant plus médiatisé à l’avenir, car le virus responsable de la COVID-19 fait actuellement la manchette, étant désormais associé à des problèmes cardiovasculaires, comme les accidents vasculaires cérébraux, qui sont des facteurs de risque de démence connus. La COVID-19 est aussi de plus en plus associée à une détérioration de la santé du cerveau. Les travaux que nous avons menés à Baycrest, avec notre groupe et d’autres chercheurs à travers le monde, démontrent maintenant que la COVID-19 peut effectivement atteindre le cerveau et causer différents types de problèmes. De nombreuses autres études sont en cours à ce sujet, donc tout le monde devrait rester à l’affût. Mais je pense que les vaccins sont porteurs d’un grand espoir. Jay : On pourrait penser qu’il est trop tôt pour établir un lien entre la COVID-19 et la démence. Mais au moins une étude suggère fortement que les personnes qui ont vécu la pandémie de COVID-19 ont un vieillissement cérébral plus rapide que les personnes du même âge et ayant connu les mêmes conditions avant la pandémie. Cependant, le fait d’avoir contracté ou non le virus ne semble pas avoir d’importance. Ça soulève donc un autre mystère. Mais je pense que ce sont des choses qu’on va tous devoir suivre de près. Donc, si tu t’inquiètes pour les virus, fais-toi vacciner contre le zona, à coup sûr. Le port du masque est bénéfique à la fois pour la fumée des feux de forêt, la pollution atmosphérique, les infections virales, et j’en passe. Et on va continuer à suivre toutes les nouvelles informations à ce sujet. Allison : Dans ce balado, nous avons abordé la plupart des facteurs liés au mode de vie qui augmentent le risque de démence. Ceux-ci ont aussi servi de base pour nos résolutions du Nouvel An pour préserver la santé de notre cerveau que Jay et moi avons annoncés publiquement dans l’émission en 2023. Jay, tu parlais de faire de l’exercice physique, d’écouter de la musique et de suivre un régime alimentaire. Comment ça se passe? Jay : Le pire dans tout ça, c’est que tu viens de dire qu’on a fait ça en 2023 et qu’on est déjà bien avancés dans l’année 2025. Je reconnais donc que j’ai eu un succès mitigé. Je dirais qu' en général j'ai fait des progrès. je vais juste les passer en revue très rapidement. En ce qui concerne ma condition physique, je pense qu’elle est assez bonne. Je fais beaucoup de randonnée à Victoria avec mon chien, Robbie. Il y a plusieurs pentes donc cela nécessite une certaine forme physique. J’avoue que je suis un peu déçu de ne pas avoir atteint mon objectif de faire davantage de musique, surtout parce que le groupe au sein duquel je joue du violon électrique et, parfois, des bongos – avec talent, je dois dire – se trouve à Calgary et que je suis à Victoria. Je trouve que l’envie de jouer de la musique diminue considérablement lorsque l’on est seul avec son instrument. Lorsque j’utilise le mot « envie », cela révèle un aspect de ma personnalité qui pourrait s’avérer utile dans ce domaine. En effet, j’ai toujours mieux travaillé lorsqu’il y avait des échéances à respecter. Mais si je veux jouer davantage de musique, il n’y a pas d’échéance associée à cela, donc je dois adopter une approche différente. Mais je vais te dire ce que j’ai accompli, Allison. Ça pourrait t’intéresser aussi. C’est le principe même des résolutions. Pourquoi est-ce que la plupart des gens prennent des résolutions au Nouvel An, mais que seuls 7 % d’entre eux parviennent vraiment à les tenir? Voici quelques astuces pour nos auditeurs qui partagent peut-être ma déception de ne pas pouvoir tout accomplir. Les voici. Je vais te les donner rapidement. Les résolutions ne doivent pas être compliquées. Elles doivent être simples et directes. En repensant à ce qu’on vient de dire à propos de l’étude U.S. POINTER, il est vraiment utile d’avoir du soutien et même une rétroaction, de préférence de la part d’amis qui ne te disent pas quoi faire. L’étude suggère en fait qu’il vaut mieux avoir un programme. Et c’est vrai. C’est un peu comme l’échéance que je me suis fixée. Et c’est aussi mieux si la motivation vient de soi-même et non de quelqu’un qui te dit : « Oh, tu devrais perdre du poids » ou « Pourquoi manges-tu ce hot-dog? ». Et les objectifs doivent être réalistes. Même les petits progrès sont bons. J’ai une drôle d’anecdote à raconter. Il y a une croyance générale, du moins sur Internet, selon laquelle il faut environ trois semaines pour acquérir une nouvelle habitude. En fait, cette affirmation a été formulée pour la première fois dans un livre intitulé « Psycho-Cybernétique », publié en 1960. Elle reposait sur l’idée que l’auteur savait que les gens mettaient environ trois semaines à s’habituer à une chirurgie plastique qu’ils avaient subie. Je pense donc que le délai de trois semaines ne s’applique pas de façon générale. Une étude sérieuse réalisée en 2009 a démontré que le temps nécessaire pour prendre une nouvelle habitude varie entre 18 et 254 jours. Allison : Wow. Donc, tu veux dire qu’Internet n’a pas toujours raison. Jay : Mais, comme moi, si vous avez du mal à modifier vos habitudes, rappelez-vous simplement que ça peut prendre plusieurs mois. Au final, je me donnerais une note de C plus pour mes progrès. Et toi, Allison? Allison : Je n’ai pas non plus fait tout ce que j’avais annoncé. Et encore une fois, je pense que c’est bien que les gens entendent ça, que nous disions que nous allons essayer, que nous avons réussi certain changement et moins pour d’autres, parce que c’est la vie. Par exemple, j’ai recommencé à m’entraîner, à soulever des poids, comme mon héroïne, Ernestine Shepherd, de notre épisode sur l’activité physique. Je me passionne pour la musculation, mais les voyages et d’autres contraintes ont vraiment perturbé mon emploi du temps. Je pense que, comme pour beaucoup d’entre nous, ce genre d’événements de la vie courante a tout simplement compromis mes projets visant à améliorer ma santé cérébrale. Quand je voyage, je me dis toujours que je vais aller au gym, mais je ne le fais jamais. Je marche davantage qu'avant. Je fais donc du cardio, mais j’ai du mal à faire de la musculation et des exercices de résistance, qui sont vraiment essentiels pour la santé du cerveau. Je dirais donc que, sur ce point, je ne mérite même pas la note C plus. J’obtiendrais probablement un D dans ce domaine. Jay : Mais toi tu voyages énormément. Je voyage beaucoup moins que toi, mais quand je voyage c’est pour faire quelque chose, et souvent je dois rencontrer beaucoup de gens - ce qui est bien - mais en même temps je mange trop, ce qui n’est peut-être pas bon. Je te comprends donc très bien, car ton calendrier de voyage rend les choses beaucoup plus difficiles. Allison : Quand je voyage, c’est juste du boulot, du boulot et encore du boulot. Je ne prends pas de vacances, je donne des conférences et je vais à des réunions. C’est donc difficile de trouver du temps pour moi. Ça complique aussi un peu les choses côté musique, parce que je joue de la batterie et que je ne peux pas emporter ma batterie partout où je vais. J’emporte parfois mes baguettes, mais je ne joue pas autant que je le voudrais avec mon groupe, en partie parce que plusieurs membres voyagent aussi beaucoup. Par conséquent, on n’a pas autant de temps que je le voudrais pour répéter ensemble. On a un spectacle à venir, et donc une date butoir, et comme pour toi, c’est une bonne chose pour moi. Comme je sais que notre spectacle approche, je dois m’entraîner davantage pour bien maîtriser ces nouvelles chansons, car je ne peux pas regarder la partition quand je joue, surtout à l’extérieur. Cela me motive vraiment. Mais en ce moment j’ai passé beaucoup plus de temps à faire du théâtre et de l’improvisation. Cela m’intéresse et me passionne depuis toujours car j’ai suivi un cours à l’école Second City sur l’improvisation hip-hop. Donc, un jour, on pourra faire une compétition de rap, peut-être sur la santé du cerveau, si tu veux. Jay : Oui, c'est ça. Allison : Je trouve que l’improv, c’est génial. ça combine l’engagement cognitif, l’engagement social, l’entraînement de la mémoire et l’activité physique. Il y a quelques semaines, j’ai joué le rôle d’un oiseau qui battait des ailes, je courais partout sur la scène. C’est vraiment un mélange de bienfaits. Ce que j’aime, c’est que, peu importe où je vais, même si je ne peux pas jouer de la batterie avec un groupe, je peux toujours participer à une séance d’improvisation quelque part. C’est donc une activité que je peux continuer à pratiquer même quand je voyage. J’espère que cela fonctionnera. L’autre aspect sur lequel je me suis vraiment concentrée, c’est mon sommeil. Sur ce point, je me donne au moins un A moins, car j’ai réussi à mieux dormir en trouvant ce qui fonctionne pour moi. Chaque personne est différente. J’ai suivi mon sommeil avec une montre intelligente pour voir mes progrès. Plusieurs fois cette semaine, j’ai dormi toute la nuit sans me réveiller du tout, ce qui est rare pour moi. Je pense donc que je n’ai pas complètement résolu le problème, mais que ça va beaucoup mieux. Je continue aussi à manger sainement autant que possible. On habite près d’une ferme. Donc l’été est le moment idéal pour acheter des baies et des légumes frais. Et notre producteur, Ben, m’a même donné du chou frisé qu’il fait pousser dans son jardin, ce qui me permet de rester en bonne santé. Mon mari essayait de perdre du poids, alors j’ai arrêté de cuisiner et de faire autant de pâtisseries. Comme il ne mangeait pas autant, je me suis mise à manger moins aussi, et j’ai perdu du poids en même temps que lui, un peu par hasard. C’était formidable. Et pour finir, à la suite de l’épisode sur l’alcool, j’ai consciemment réduit ma consommation, voire arrêté complètement. Donc, quand je mange au restaurant, par exemple, il y a toujours des cocktails sans alcool. Je commande donc ceux-là et ils sont délicieux. Dans l’ensemble, je m’attribuerais probablement une note de B moins pour mes progrès. Jay : Je te donne un B plus. Ce que ça montre, pour toi et moi, c’est qu’il y a des défis à relever et que nos vies personnelles sont organisées d’une certaine manière, avec des routines et des rituels qui sont bousculés quand on essaie de changer. Et c’est dur. On a des habitudes et des rituels parce qu’ils nous rassurent généralement, mais parfois il faut savoir bousculer ses habitudes. Tout ce que je peux dire, c’est qu’on essaie, qu’on va continuer à essayer et que l’on continuera peut-être aussi à en parler. Allison : Et Jay, je suis fière de nous, rien que pour avoir essayé et en avoir parlé. Avons-nous obtenu un A plus? Non, mais ce n’est pas ce qui compte. Ce qui compte, c’est qu’on essaie, et je sais que tous les auditeurs font pareil. Jay : Pour en savoir plus sur la manière de renforcer la santé du cerveau et de réduire le risque de démence, ou d’en ralentir la progression, visitez notre site Web, defierlademence.org. Vous y trouverez les autres épisodes du balado, ainsi que nos vidéos, des images infographiques et d’autres ressources. Allison : Notre équipe de production pour ce balado est composée de Rosanne Aleong et Sylvain Dubroqua. La production est assurée par PodTechs et la musique a été composée par Steve Dodd. Le dessin pour la page couverture a été réalisé par Amanda Forbis et Wendy Tilby. Notre rédacteur et réalisateur associé est Ben Schaub. Jay : Nous tenons également à remercier la Slaight Family Foundation, de même que le Centre d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement, et Baycrest, qui ont financé ce balado. Allison : Nous vous sommes très reconnaissants de votre soutien, alors n’hésitez pas à vous abonner à Défier la démence, quelle que soit la plateforme où vous écoutez vos balados. N’oubliez pas de laisser un « J’aime », un commentaire ou une note de cinq étoiles. Jay : Dans la prochaine émission de Défier la démence, il sera question du tabagisme et du risque de démence. On sait tous que fumer, c’est mauvais pour la santé, mais les effets précis sur le cerveau sont vraiment inquiétants. Si vous fumez ou aimez une personne qui fume, vous devez vraiment écouter cette émission, car il s’avère que le tabagisme augmente considérablement le risque de démence. Allison : Mais rassurez-vous, cette émission sera porteuse d’espoir. Le cerveau a une capacité étonnante à se régénérer chez les personnes qui ont cessé de fumer. Il retrouve très rapidement la santé. Jay : C’est ce que nous verrons la prochaine fois à Défier la démence. Je m’appelle Jay Ingram. Allison : Je m’appelle Allison Sekuler. Merci d’avoir écouté Défier la démence, et n’oubliez pas : il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau.