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 Anjali :
A la suite du diagnostic de démence de ma mère, j’ai fait un effort conscient pour ajouter une tonne de légumes-feuilles verts dans mon alimentation quotidienne. Je dois avouer que je suis maintenant obsédée par les légumes-feuilles.

Jay :
Vous venez d’entendre Anjali Gupta. Non seulement est-elle obsédée par les légumes-feuilles verts, mais elle prépare une multitude d’aliments sains pour le cerveau afin de réduire le risque de démence dans sa famille. Vous ferez sa connaissance dans un instant.

Allison :
Bienvenue sur Défier la démence, le balado pour quiconque a un cerveau.

Jay :
Pour tout savoir sur la manière de maintenir notre cerveau en bonne santé et de réduire le risque de démence. Car la démence n’est pas prédestinée par la génétique. Nos gènes jouent un rôle, mais il y a d’autres facteurs de risque, comme la solitude, l’isolement social ou la perte d’audition.

Allison :
Selon les recherches, si nous apportons des changements sains à ces facteurs de risque liés au mode de vie, nous pouvons réduire d’au moins 40 % le nombre de cas de démence dans le monde.

Jay :
Aujourd’hui, au balado, nous verrons comment certains changements simples et peu coûteux à votre alimentation peuvent avoir de grands avantages pour votre cerveau.

Allison :
Je m’appelle Allison Sekuler, présidente et scientifique en chef de l’Académie de recherche et d’éducation Baycrest et du Centre d’innovation sur la santé du cerveau et le vieillissement.

Jay :
Je m’appelle Jay Ingram. Je suis un écrivain et communicateur scientifique. J’écris sur la démence et j’en parle depuis près de 25 ans.

Allison :
Joignez-vous à nous pour défier la démence. Parce qu’il n’y a pas d’âge pour prendre soin de son cerveau.
Beaucoup d’entre nous ont du mal à bien s’alimenter. Il peut être difficile de changer ce que nous mangeons et en quelle quantité. De plus, il y a beaucoup de débats sur des sujets tels que les vitamines et les avantages et inconvénients de divers régimes.

Jay :
Mais de plus en plus de preuves montrent que la réduction des risques de démence passe par l’alimentation. Au menu de Défier la démence aujourd’hui, les derniers renseignements des experts sur les aliments sains pour le cerveau et quelques règles diététiques simples et surprenantes.

Allison :
Mais pour l’heure, voici quelques pistes de réflexion, gracieuseté de notre première invitée, Anjali Gupta. Anjali est la proche aidante de sa mère, qui est atteinte de démence.

Jay :
Anjali a 65 ans. Elle a immigré au Canada depuis l’Inde à 38 ans. C’est une diététiste autorisée, aujourd’hui à la retraite. Elle a passé plus de quarante ans à conseiller les gens sur la manière de manger plus sainement. Nous vous emmenons maintenant dans la cuisine d’Anjali à Mississauga, en Ontario.

Anjali :
J’aime beaucoup cuisiner les lentilles rouges, car on en trouve facilement dans tous les supermarchés.

Jay :
Anjali ajoute sa petite touche aux plats végétariens indiens afin qu’ils soient particulièrement sains pour le cerveau. Aujourd’hui, elle prépare un curry de lentilles rouges, le dal. Des pommes de terre sautées avec des feuilles d’aneth et un curry d’aubergines et de pommes de terre avec des poivrons verts.

Une odeur d’épices envahit la pièce. Sur la cuisinière, le dal bouillonne. Le plat est de couleur jaune vif avec des morceaux de poivron rouge. Anjali coupe des légumes verts.

Anjali :
Ca, c’est de la coriandre. Je vais l’utiliser pour tempérer le dal que je prépare. C’est-à-dire les lentilles rouges. Cette plante a une grande valeur nutritive. Elle est très savoureuse et, de par sa couleur, a les mêmes bienfaits que les légumes-feuilles verts.

A la suite du diagnostic de démence de ma mère, j’ai fait un effort conscient pour ajouter une tonne de légumes-feuilles verts dans mon alimentation quotidienne. Je dois avouer que je suis maintenant obsédée par les légumes-feuilles.

Je cuisine ces pommes de terre sautées, que nous appelons Pot Sukhe Aloo. Ma recette est quelque peu différente. Pour ma part, j’ajoute une quantité importante de feuilles d’aneth, ainsi que des tomates. Ce sont là deux aliments colorés, du vert et du rouge, qui sont des antioxydants.  Bons pour la santé du cerveau et qui sont aussi riches en fibres, ce qui est essentiel pour la flore intestinale.

Jay :
Sans surprise, les aliments sains pour le cerveau sont également délicieux.

Allison :
Anjali Gupta nous rejoint maintenant. Anjali, j’en ai l’eau à la bouche, ça avait l’air délicieux. Avant de croquer dans le vif du sujet, je me demande si vous pouvez nous parler un peu plus de votre mère. Vous avez mentionné qu’elle avait reçu un diagnostic de démence, et je me demande quelle a été votre réaction lorsque vous avez appris la nouvelle.

Anjali :
Lorsque nous avons appris le diagnostic de ma mère, nous avons tous été très bouleversés. Très tristes et très perplexes. Mais en même temps, nous étions aussi un peu soulagés . Car nous avions l’impression d’enfin savoir pourquoi elle agissait ainsi et pourquoi son comportement avait changé. À l’époque, elle vivait en Inde. Maintenant elle vit à Hong Kong avec mon frère, et c’est là-bas qu’elle a reçu le diagnostic exact.

Allison :
Comment va-t-elle maintenant?

Anjali :
Elle va bien. Mais elle en est au stade 3. Elle ne me reconnaît donc pas et ne reconnaît personne. Son comportement a beaucoup changé. Elle est très agitée, très agressive, elle fait preuve de violence verbale. Mon frère trouve cela très inquiétant parce qu’elle n’était pas comme ça avant. Mon frère dit qu’elle utilise des mots que nous n’avons jamais entendus de sa bouche.

Allison :
Votre frère vit à Hong Kong avec elle. Comment vous occupez-vous d’elle à distance?

Anjali :
Je l’appelle tous les matins. C’est-à-dire le soir à Hong Kong. Nous avons 12 heures de décalage. Je l’appelle tous les jours à 8 h 30. Elle sait que je vais l’appeler, et c’est à ce moment-là que je lui parle. Mais quand je lui parle, elle est prête, elle a soupé, elle a l’air en forme, elle parle bien et ses propos sont très positifs. Mon frère me dit souvent qu’il ne faut pas penser qu’elle est toujours comme ça. Pendant la journée, elle est violente, elle hurle, elle ne coopère pas, elle refuse de manger, elle ne veut pas aller aux toilettes. Alors oui, c’est très difficile pour lui. Moi, je n’ai pas l’occasion de voir cette facette parce qu’elle est très calme et posée quand je l’appelle.

Jay :
Hélas, comme vous pouvez le constater, Anjali, il n’est jamais facile de faire face à la démence dans la famille. Mais le diagnostic de votre mère a eu un autre effet sur vous. À vrai dire, il a changé votre approche à l’égard de votre propre santé et de celle de votre famille. Pouvez-vous nous en dire un peu à ce sujet?

Anjali :
Certainement. Quand maman a reçu son diagnostic, je me suis dit qu’il s’agissait simplement de démence. Mais, j’ai beaucoup appris sur la démence. Maintenant, je sais que les choses vont changer à mesure que la maladie progresse. Et cela me rend encore plus triste et effrayée que lorsque j’ai appris son diagnostic pour la première fois. À l’époque, la démence n’était qu’un mot pour nous. Ce n’était pas du tout une réalité que notre famille connaissait. Maintenant que j'en sais plus, je fais énormément d'efforts pour ma famille et moi-même. On essaie de mieux s’alimenter, d'être moins stressés et de prendre la vie comme elle se présente. Je crois que je n'avais pas la même approche avant tout ça.

Jay : Vous avez donc changé votre façon de cuisiner. Dans quelle mesure était-ce facile d’adapter le menu indien traditionnel?

Anjali :
Je n’ai pas eu de difficulté à changer les recettes, car de nombreux aliments sains pour le cerveau font également partie de la cuisine indienne. Le seul changement que je pense avoir apporté, c’est d’utiliser moins de matières grasses pour la cuisson. Ensuite, je m’assure de manger des légumes-feuilles verts, des baies, des grains entiers, des noix et des graines tous les jours. Comme si c’était une prescription. Il faut que je mange ces aliments chaque jour.

Jay :
Vous avez beaucoup d’expérience en tant que diététiste. Mais en ce qui concerne la démence en particulier, comment avez-vous appris quels aliments sont bons ou non pour le cerveau?

Anjali :
Depuis le diagnostic de ma mère, je fais beaucoup de recherches et de lectures. Je navigue sur de nombreux sites Web consacrés à la démence et à la maladie d’Alzheimer. Je me rends dans des organismes communautaires. Je lis des rapports de recherche et j’essaie de déterminer quels aliments sont essentiels pour la santé de notre cerveau. Je m’assure donc que nous mangeons beaucoup de légumes-feuilles vert foncé, comme les épinards, la roquette ou le chou frisé. Beaucoup de grains entiers au lieu de grains raffinés. Beaucoup de graines et des noix, en raison de leur apport en oméga-3, des acides gras, comme des graines de citrouille, des graines de lin, des noisettes, etc.. Et aussi beaucoup de haricots et de lentilles, car ils sont également très bons pour la santé du cerveau. Ainsi que des baies et des légumes crucifères, comme le brocoli, le chou-fleur, le chou de Bruxelles.

Il y a donc une grande variété d’aliments, et vous pouvez les cuisiner comme bon vous semble. Vous pouvez les cuire à la vapeur, les faire sauter tels quels ou avec des épices. Je préfère généralement les cuire à la vapeur, et mettre un peu de jus de citron et de poivre noir. Comme ça je peux savourer le goût des légumes, plutôt que celui des épices.

Allison :
Anjali, vous avez mentionné un grand nombre d’épices et d’ingrédients différents. Certaines personnes n’ont peut-être pas accès à une telle variété d’aliments. Je me demande si vous pouvez nous faire part de quelques idées d’aliments sains pour le cerveau, vraiment simples et accessibles.

Anjali :
Ce qui est le plus important, à mon avis, c’est d’ajouter une variété de fruits et de légumes, de céréales, de haricots, de lentilles, de noix et de graines. Ce n’est pas une prescription en soi, mais lorsque vous faites vos courses. Assurez-vous que les légumes dans votre panier soient d’une belle variété de couleurs, comme le vert, le rouge, l’orange et le jaune. Et si vous faites un repas simple comme un plat de lentilles, vous pouvez y ajouter beaucoup de légumes. Par exemple, je pense que l’un des plats que les gens mangent souvent ici, c’est le chili. Voilà un exemple parfait de plat qui peut inclure beaucoup d’aliments sains pour le cerveau. Et si vous manquez vraiment de temps, vous pouvez manger du chili au dîner et au souper, tout en obtenant tout ce dont votre corps et votre cerveau ont besoin pour rester en bonne santé.

Allison :
Et vous n’avez qu’un seul plat à nettoyer à la fin.

Anjali :
Oui. Vous n’avez pas à préparer beaucoup de sortes d’aliments différents pour obtenir des bienfaits pour votre cerveau.

Jay :
Et vous savez Anjali, je pense aussi que les gens font souvent l’erreur de penser que la cuisine indienne doit être très, très relevée et épicée, alors que ce n’est pas vraiment le cas, n’est-ce pas?

Anjali :
Non, en fait… Je suis très surprise, et c’est ce que j’entendais de tout le monde lorsque je suis arrivée au Canada. Mais c’est à vous de décider si vous voulez que la nourriture soit piquante et épicée. Les épices utilisées dans la cuisine indienne sont généralement le curcuma, l’asa-fœtida, la coriandre en poudre, le sel et le poivre noir. Donc non, ce n’est pas le cas. Je pense que c’est la façon dont vous cuisinez et la quantité d’épices que vous mettez dans vos plats qui font ressortir les saveurs. Mais en ce qui concerne les recettes, beaucoup d’entre elles utilisent une bonne quantité d’huile. Je refais exactement les mêmes recettes, mais je ne mets pas d’huile ou n’en verse que quelques gouttes. J’apprends essentiellement à être créative et je continuerai dans cette voie, afin de pouvoir continuer à savourer les recettes indiennes, tout en les gardant très, très saines.

Allison :
Anjali, vos propos m’ont ouvert l’appétit. Alors merci beaucoup d’avoir partagé tant de renseignements sur les aliments sains pour le cerveau.

Jay :
Oui, j’abonde dans le même sens, et j’ai encore plus faim qu’Allison, même si je ne l’ai pas encore avoué. Merci, Anjali.

Anjali :
Merci.

Jay :
Anjali Gupta est une diététiste autorisée à la retraite. Elle nous a rejoints depuis Mississauga, en Ontario.

Allison :
Notre prochain invité a écouté Anjali. Le Dr Thomas Holland est médecin et expert en nutrition. Il est chercheur au Rush Institute for Healthy Aging du Rush University Medical Center à Chicago, l’un des principaux centres de recherche américains qui étudie le rôle de la nutrition comme facteur de risque de la maladie d’Alzheimer. Il est également l’un des responsables de l’étude POINTER, une vaste étude américaine en cours sur la façon dont nous pouvons prévenir la démence en apportant des changements dans des aspects comme l’alimentation et l’exercice physique.

Dr Holland, bienvenue à Défier la démence.

Thomas :
Merci beaucoup de m’accueillir.

Allison :
Qu’est-ce qui vous a le plus frappé dans l’histoire d’Anjali?

Thomas :
Ce qui en ressort le plus pour moi, c’est son rôle en tant qu’aidante. Ayant vu ma grand-mère traverser les étapes de la maladie d’Alzheimer, et la perte progressive de ses capacités cognitives, j’ai été frappé par son dévouement et ses interactions avec son frère. Tout gravite autour des soins pour sa mère et elle s’assure que la famille fait tout ce qu’elle peut pour l’aider alors qu’elle souffre de cette maladie.

Allison :
Oui, et ce qui est intéressant, c’est que, malgré ses antécédents professionnels, elle ne s’est pas arrêtée à ce qu’elle savait. Elle a poursuivi ses recherches, et cela a changé sa façon de manger et de veiller à ce que sa mère mange. En tant qu’aidant, votre expérience a-t-elle changé votre façon de voir le monde? Cela a-t-il influencé vos recherches?

Thomas :
Absolument. Le fait d’être dans ce rôle d’auxiliaire, et de voir les interactions que mon père, en particulier, avait avec sa mère, j’ai vraiment été frappé par ce que nous pouvons faire pour aider notre cerveau en vieillissant. Pour ma part, j’ai changé mon alimentation et ma perception des aliments. Du point de vue de l’aidant, il s’agit de voir comment vous pouvez modifier le régime alimentaire de votre être cher ou d’autres facteurs liés au mode de vie pour l’aider à maintenir ses facultés cognitives ou, du moins, à en ralentir le déclin alors qu’il lutte contre cette maladie.

Jay :
Dr Holland, dans le cadre du balado Défier la démence, nous discutons de plusieurs facteurs de risques que vous pouvez essayer de modifier. Qu’est-ce qui vous a incité à vous concentrer sur l’alimentation?

Thomas :
L’alimentation est l’un des facteurs de risque les plus facilement modifiable : si vous consommez alimentation de type occidental, le risque augmente. Alors que si vous modifiez votre alimentation et que vous commencez à suivre des régimes tels que le régime MIND, le régime méditerranéen ou le régime DASH, il y a des données scientifiques qui nous disent que ces régimes permettent de ralentir le déclin cognitif, de diminuer le risque de démence et de réduire le fardeau de neuropathologies de type Alzheimer, comme l’amyloïde ou les protéines tau phosphorylées.

Jay :
Avant d’aborder ce qui se passe dans le cerveau, pourriez-vous nous présenter rapidement la différence entre le régime alimentaire nord-américain et ces autres régimes plus sains?

Thomas :
Dans un régime américain standard, ou de type occidental, nous consommons beaucoup plus de viande rouge, de produits laitiers riches en matières grasses et de beurre, ainsi que d’aliments frits, de restauration rapide et de pâtisseries. Tous ces produits contiennent plus de gras trans et ne sont pas aussi nutritifs que nous le souhaiterions. Inversement, dans ces autres régimes alimentaires vraiment solides et sains, nous consommons une multitude d’aliments de groupes alimentaires divers, comme les légumes-feuilles verts, les baies, le poisson, l’huile d’olive extra vierge, le blé entier, les noix. Ce sont tous des aliments vraiment très sains et diversifiés sur le plan de la quantité et de la qualité des minéraux, des vitamines et des éléments bioactifs.

Allison :
Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ces aliments, les légumes-feuilles vert foncé, les baies, etc., sont si bons pour le cerveau?

Thomas :
Oui. Il s’agit avant tout d’expliquer pourquoi les légumes-feuilles vert foncé et les baies sont bons pour la santé. Nous savons que l’exposition au soleil de ces légumes et de ces fruits entraîne un épaississement de leurs peaux. Une peau plus épaisse correspond à une teneur nutritive plus élevée. Et c’est pourquoi le Bleuet en corymbe est plus nutritif que le Bleuet nains. Tout comme les légumes-feuilles vert foncé par rapport aux autres légumes-feuilles verts.

Allison :
Ainsi, lorsque l’on dit qu’il faut manger des légumes verts, il s’agit en fait de légumes-feuilles vert foncé.  Pas comme la laitue iceberg, qui est beaucoup plus claire. La couleur a-t-elle une incidence sur ce qui se passe dans le cerveau?

Thomas :
Absolument. Ainsi, lorsque nous consommons des légumes-feuilles vert foncé, des baies, de l’huile d’olive ou du poisson, leurs nutriments peuvent agir comme des anti-inflammatoires et des antioxydants. L’inflammation est un processus normal dans notre corps, mais elle peut prendre de l’amplitude ou devenir chronique. Si l’inflammation augmente, elle peut endommager nos cellules, en particulier nos cellules cérébrales. Dans ce cas, nous pouvons commencer à observer une diminution des capacités cognitives. Le même phénomène peut se produire du point de vue du stress oxydatif. Il y a beaucoup de processus cellulaires qui se produisent dans notre corps et qui provoquent un stress oxydatif. Si ce stress persiste et n’est pas pris en charge, il peut causer des lésions cellulaires. Et si c’est le cas, nous pouvons constater une perte de nos capacités cognitives. La consommation d’aliments anti-inflammatoires et antioxydants permet donc de tempérer le processus inflammatoire et de traiter le stress oxydatif pour éviter qu’il ne cause des dommages aux cellules cérébrales.

Jay :
Anjali a mentionné que la flore intestinale est un élément important dans ce processus. Nous avons parlé de la nourriture, qui va de la bouche à l’estomac, puis aux intestins. Que se passe-t-il ensuite, en ce qui concerne le cerveau?

Thomas :
Quelle bonne question! L’axe intestin-cerveau est l’un de ces merveilleux systèmes complémentaires. Ainsi, si l’on considère l’absorption des aliments dans l’estomac, et dans l’intestin grêle en particulier, les aliments doivent être métabolisés, digérés, puis absorbés. Avec des bactéries intestinales saines et diversifiées, le microbiome intestinal aide à décomposer ces aliments de sorte qu’ils soient mieux absorbés et plus rapidement. De cette façon, les aliments qui sont entrés dans notre corps peuvent être absorbés dans le sang et se frayer un chemin vers nos organes. Plus précisément, lorsqu’il s’agit du cerveau, cela aide à maintenir son état nutritionnel.

Allison :
Tout est donc lié. Donc, si vous n’avez pas les bonnes bactéries intestinales, vous pourriez ne pas obtenir tous les éléments nécessaires provenant des légumes-feuilles vert foncé afin de protéger votre cerveau contre l’inflammation et le stress oxydatif. C’est ce dont vous parlez quand vous parlez de l’axe intestin-cerveau, n’est-ce pas?

Thomas :
Tout à fait. Et comme je le dis à mes élèves, le corps est une bien belle chose. Il change selon nos besoins. Par exemple, si vous consommez un repas riche en viande rouge, en gras trans et en produits laitiers riches en matières grasses, comme le fromage, votre flore intestinale s’adaptera pour être en mesure de le digérer. Cependant, si vous commencez à manger des légumes, votre corps va dire : « Oh mon Dieu, qu’est-ce qui se passe? Ce sont de nouveaux aliments, je dois m’adapter pour pouvoir les digérer. » Votre flore intestinale peut commencer à changer en seulement 24 heures, mais il faut parfois jusqu’à 30 jours pour qu’elle change complètement et commence à digérer les nouveaux aliments. C’est pourquoi j’aime toujours dire aux participants aux études de laisser à leur corps le temps de s’adapter, car cela leur permettra de digérer les nouveaux aliments qu’ils mangent.

Jay :
Dr Holland, j’ai une question qui me tracasse depuis quelques minutes. Quand je cuisine l’aubergine, je pèle la peau. Devrais-je éviter de faire ça? Car je sais que certaines recettes permettent de garder la peau.

Allison :
La peau est très épaisse.

Thomas :
La peau des aubergines est épaisse et peut être difficile à digérer, selon la quantité que vous mangez et la façon dont votre estomac la traite. C’est-à-dire par la mastication et la façon dont l’acide gastrique fonctionne. Pour répondre à votre question, bien que ce soit une bonne idée de manger la peau, il faut le faire avec prudence. La chair de l’aubergine contient une grande partie des nutriments, parce qu’il s’agit d’un aliment qui pousse au sol, mais vous pouvez tout à fait manger la peau et la chair.

Jay :
D’accord. Si je vais au supermarché et que j’essaie de me souvenir de tout ce que vous avez dit, avez-vous deux ou trois conseils à me donner sur ce que je devrais faire une fois que j’aurai franchi la porte?

Thomas :
Rendez-vous dans l’allée des fruits et légumes et remplissez votre panier avec autant de couleurs que possible. Lorsque vous regardez votre assiette à la maison, vous voulez qu’elle soit éclatante de couleur. Qu’il y ait des légumes-feuilles foncés, des fraises rouge vif, des bleuets bleu vif, vous voulez une assiette variée et colorée. Vous ne voulez certainement pas d’une assiette très fade et beige. Si votre assiette est composée d’aliments frits, de pâtisseries et d’une viande cuite dans une poêle, et qu’elle vous semble beige ou brun clair. Éloignez-vous-en et penchez-vous davantage vers des aliments diversifiés et aux couleurs vives qui ont une grande valeur nutritionnelle.

Jay :
Et encore une fois, rappelez-nous pourquoi la couleur, les couleurs vives, la gamme de couleurs, est importante.

Thomas :
Lorsqu’il s’agit de consommer des aliments, si vous vous situez dans cette catégorie plus beige, la variété de vos nutriments sera très limitée. Si vous regardez une assiette éclatante et colorée, vous y trouverez de nombreux aliments riches en nutriments variés. Ainsi, si vous préparez une salade de légumes-feuilles vert foncé, de carottes et de tomates et arrosée d’un soupçon d’huile d’olive extra vierge, elle pourrait contenir entre 100 et 120 vitamines, minéraux et agents bioactifs différents.

Jay :
Dr Holland, sur Défier la démence, nous aimons dire qu’il n’y a pas d’âge pour penser à réduire les risques de démence. Donc, pour ce qui est d’un régime alimentaire approprié, à quel âge devrions-nous y penser?

Thomas :
Vous l’avez dit de la manière la plus éloquente qui soit : faites-le dès que possible. Bien qu’il puisse y avoir un effet plafond, qui fait que votre cerveau ne deviendra pas invincible en suivant ce régime. Mais vous pourrez maintenir vos capacités cognitives pendant une très longue période. Un de mes mentors m’a dit que le scénario idéal serait d’avoir 90 ou 100 ans, d’être encore capable de faire du ski, d’avoir conservé ses capacités cognitives et physiques et de mourir dans son sommeil. Nous voulons tous conserver nos fonctions cognitives et physiques le plus longtemps possible, et une alimentation saine est l’un des éléments qui nous aide à y parvenir.

Allison :
Dr Holland,, je me souviens d’avoir entendu dire que de manger des aliments sains pour le cerveau peut aider à réduire l’âge du cerveau. Est-ce vrai?

Thomas :
Oui, certaines recherches montrent que si vous maintenez votre régime alimentaire à un niveau d’apport nutritionnel élevé,  comme avec le régime MIND, vous pouvez réduire l’âge de votre cerveau de sept ans et demi. Ainsi, une personne de 67 ans et demi qui maintient un apport nutritionnel élevé dans le cadre de son alimentation pourrait avoir le cerveau d’une personne âgée de 60 ans.

Allison :
C’est énorme. Beaucoup de gens qui pourraient bénéficier de ce bienfait n’ont pas nécessairement beaucoup d’argent, et le prix de la facture d’épicerie a augmenté partout dans le monde. Je me demande donc si vous avez des conseils à donner aux gens, en particulier aux aidants et aux personnes à revenu fixe, sur la manière d’atteindre l’objectif d’un régime alimentaire sain pour le cerveau. Comment pouvons-nous consommer des aliments sains pour le cerveau malgré un budget modeste?

Thomas :
C’est une excellente question. C’est un aspect avec lequel j’ai moi-même de la difficulté à composer. Pour moi, lorsque je fais l’épicerie, j’essaie d’acheter en gros. Je me rends dans l’allée des produits surgelés et j’achète des sacs de bleuets, de fraises, de cerises et de chou frisé surgelés. Tous les matins, J’en prends une tasse de chaque, je la passe au mixeur avec de l’eau, je mélange le tout et j’obtiens ma portion de légumes verts et ma portion de baies. C’est un moyen rapide et facile, et mon coût par mélange est inférieur à 50 cents.

Jay :
Lorsque nous avons commencé cet épisode, nous étions d’avis qu’Anjali serait la cuisinière et vous le scientifique, mais tout compte fait vous êtes les deux. Merci beaucoup, Dr Holland, ce fut un échange très éclairant.  J’ai toujours traité les aubergines avec respect, mais je les respecte davantage aujourd’hui. Merci encore.

Thomas :
Absolument. Merci beaucoup.

Jay :
Le Dr Thomas Holland est médecin et chercheur au Rush Institute for Healthy Aging du Rush University Medical Center. Il nous a rejoints depuis Chicago.

Allison, ce qui m’a frappé dans cet épisode, c’est le conseil de nous rendre directement à l’allée des fruits et légumes de notre supermarché et de prendre les plus colorés du lot. J’aime ça. Nous essayons d’inciter les gens, par l’entremise de ce balado, à faire des choses pour aider à réduire leur risque de démence. Mais presque tout le monde va au supermarché, alors nous les encourageons à faire quelque chose une fois qu’ils y sont. Autrement dit, on leur demande de faire quelque chose qui fait déjà partie de leur routine. Et je pense que ce sera beaucoup plus facile.

Allison :
Oui, je suis tout à fait d’accord. En changeant un peu son comportement, on peut grandement aider notre corps et notre cerveau. L’une des choses que j’ai trouvées vraiment intéressantes, c’est que les bleuets ne sont pas tous égaux, toutes les laitues n’ont pas la même valeur nutritive. Il faut chercher les couleurs les plus foncées. L’autre chose que j’ai trouvée très intéressante, en écoutant Anjali, c’est que cette règle que les aliments dans l’assiette soient très colorés, peut s’appliquer à toutes les cuisines du monde. Encore une fois, peu importe vos habitudes alimentaires, vous pouvez les modifier légèrement et faire en sorte que ce soit sain et que cela vous conviennent.

Jay :
Et éviter le beige.

Allison :
Rester loin du beige, c’est certain.

Jay :
Pour en savoir plus sur la façon de réduire le risque de démence ou ralentir sa progression, rendez-vous sur defierlademence.org. Vous y trouverez les autres épisodes de ce balado, ainsi que des vidéos et des infographies sur les différents facteurs de risques de la démence.

Allison :
Notre équipe de production pour ce balado est composée de Rosanne Aleong, Monique Cheng et Sylvain Dubroqua. Notre producteur associé est Ben Schaub. La production est assurée par PodTech. La musique est de Steve Dodd et le dessin pour la page de couverture est réalisé par Amanda Forbis et Wendy Tilby.

Jay :
Un grand merci à l’Agence de santé publique du Canada, qui a financé ce balado. Les opinions exprimées ici ne représentent pas nécessairement celles de l’Agence de santé publique du Canada.

Allison :
Votre soutien à notre balado est très apprécié, alors n’hésitez pas à vous abonner à Défier la démence sur Spotify, Apple Podcasts, Google Podcasts ou tout autre moyen d’obtenir vos balados. Je m’appelle Allison Sekuler.

Jay :
Et moi Jay Ingram. Ne manquez pas le prochain épisode de Défier la démence. Nous parlerons de la façon dont la pollution de l’air, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, peut augmenter le risque de démence.  Nous vous ferons part d’astuces qui vous aideront à assainir l’air que vous respirez et à améliorer la santé de votre cerveau.